La loi du moindre effort : comprendre pourquoi il est si difficile de rester actif physiquement ?

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La loi du moindre effort : comprendre pourquoi il est si difficile de rester actif physiquement
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Synthèse à destination de tous ceux qui font des actions visant à lutter contre la sédentarité ou à favoriser l’activité physique.

Etat des lieux sur l’inactivité mondiale

Si vous avez du mal à vous motiver pour quitter votre canapé et faire de l’exercice, vous n’êtes pas seul(e). Depuis des décennies, pour rester actif physiquement, des campagnes d’information et de prévention par centaines nous incitent à bouger. Pour autant, on considère qu’environ 30 % des adultes dans le monde ont une activité physique insuffisante. En France, malgré que « faire davantage d’activité physique » figure parmi les principales résolutions du Nouvel An, 75 % des Français ne sont toujours pas actifs. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, ce manque d’activité physique est responsable de 3,2 millions de décès par an, soit 1 toutes les 10 secondes. 

Pourquoi est-il si difficile pour nous de rester actifs physiquement malgré nos bonnes intentions ? 

Le conflit entre raison et émotion 

Les modèles à double processus 

Les théories scientifiques, comme les modèles à double processus, expliquent ce conflit entre nos intentions et nos comportements réels. Ces modèles divisent les mécanismes de notre comportement en deux catégories : d’un côté, le système réfléchi (qui relève de la raison) et le système impulsif (qui relève des émotions). Le système impulsif contrôle nos comportements automatiques et instinctifs, pouvant soit faciliter, soit entraver nos intentions rationnelles. 

Étude sur l’efficacité des messages de prévention pour rester actif physiquement

Une étude a exploré l’impact des messages de prévention sur l’activité physique. Les participants ont d’abord reçu des recommandations sur l’exercice (30 minutes par jour). Ensuite, leur tendance impulsive à la sédentarité a été mesurée à travers un jeu informatique. Les résultats ont montré que, bien que les messages bien formulés puissent susciter des intentions positives, seuls les individus avec une faible tendance impulsive à la sédentarité ont réussi à transformer ces intentions en actions. 

L’attrait paradoxal pour la sédentarité

L’attrait pour la sédentarité semble paradoxal aujourd’hui, mais il a une logique évolutive. Lorsque la nourriture était difficile à obtenir, économiser de l’énergie était vital pour la survie. Cette tendance à minimiser les efforts inutiles pourrait expliquer la pandémie actuelle d’inactivité physique. Une étude neuroscientifique a révélé que notre cerveau doit déployer plus de ressources pour résister à la sédentarité qu’à l’activité physique. 

Les résultats de l’étude neuroscientifique évoquée ci-dessus, ont montré que le cerveau dépense plus d’énergie pour éviter ce qui se rapporte à la sédentarité que pour éviter ce qui concerne l’activité physique. Par exemple, dans notre vie quotidienne, s’éloigner des tentations sédentaires (escalators, ascenseurs, voitures) nécessite donc un effort mental significatif. 

De l’intention à l’action : transformer des habitudes ancrées à travers les âges

Nos ancêtres chasseurs-cueilleurs parcouraient en moyenne 14 km par jour. La sélection naturelle a favorisé ceux qui pouvaient être actifs physiquement tout en économisant de l’énergie, en associant l’activité physique à la sécrétion d’hormones antidouleur, anxiolytiques et euphorisantes. 

Pour combattre notre tendance naturelle à être sédentaires, il est important de reconnaître nos inclinations. Il est essentiel de rendre nos environnements plus favorables à l’activité physique de manière agréable. Par exemple grâce à des infrastructures adaptées : espaces sécurisés pour marcher et faire du vélo, accès facile aux escaliers, postes de travail debout, etc. 

A noter que l’intention ne représente qu’en moyenne 20 à 25 % de nos comportements, l’essentiel de l’effort devant donc porter sur la réduction, ou l’augmentation des frictions, par exemple (Voir nos autres articles à ce sujet).

Sources : 

  • Organisation mondiale de la santé (OMS) – Inactivité physique : un problème de santé publique mondial. 
  • Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) – Étude sur l’activité physique des Français. 
  • Organisation mondiale de la santé (OMS) – Statistiques mondiales sur les causes de mortalité. 
  • Étude sur l’efficacité des messages de prévention, publiée dans le « Journal of Health Psychology » anglais. 
  • Revue « Evolutionary Psychology » – La loi du moindre effort et ses implications. 
  • Cheval, B., Boisgontier, M. P., & Sarrazin, P. (s. d.). Nous sommes programmés pour la paresse. The Conversation. https://theconversation.com/nous-sommes-programmes-pour-la-paresse-113770  

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