Les causes de mortalité chez la femme : un enjeu de santé publique au-delà de la prévention classique 

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Les maladies cardiovasculaires et le cancer du poumon en tête des causes de décès 

Chez les femmes, les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité dans le monde, représentant environ 35 % des décès féminins selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). À titre de comparaison, chez les hommes, ce chiffre est d’environ 31 %, témoignant de l’impact particulièrement fort de ces maladies sur la population féminine. En France, environ 80 000 femmes meurent chaque année de maladies cardiovasculaires, soit plus du double des décès liés au cancer du sein​. 

Le cancer du poumon, quant à lui, progresse rapidement. Il est désormais la première cause de décès par cancer chez les femmes dans de nombreux pays développés, dépassant le cancer du sein. En France, entre 1990 et 2020, les décès dus au cancer du poumon chez les femmes ont plus que triplé, passant de 2 700 à environ 9 000 par an. Cette tendance est directement corrélée à l’augmentation de la consommation de tabac chez les femmes dans les décennies précédentes​. 

Le rôle croissant du tabac chez les femmes 

Le tabagisme féminin a fortement augmenté depuis les années 1970, impactant directement ces deux principales causes de mortalité. Voici quelques chiffres clés : 

  • 18 % des femmes en Europe consomment du tabac, un chiffre largement supérieur à la moyenne mondiale de 7,8 %. En France, 20,7 % des femmes fumaient encore en 2022, bien que l’on observe une légère diminution ces dernières années​. 
  • Entre 1995 et 2010, le tabagisme féminin a bondi de 40 % à plus de 70 % chez certaines populations, notamment les jeunes femmes. En 2018, 22,9 % des Françaises fumaient quotidiennement, une prévalence parmi les plus élevées d’Europe​. 
  • Cette augmentation est amplifiée par des facteurs tels que des campagnes marketing ciblées sur les femmes (cigarettes « light », emballages séduisants) et des influences psychosociales comme le stress ou les inégalités sociales. Les femmes issues de milieux défavorisés sont particulièrement touchées, cumulant exposition au stress chronique et accès limité aux soins​. 

Ces évolutions expliquent en partie la montée alarmante des cancers du poumon chez les femmes, mais aussi leur vulnérabilité accrue aux maladies cardiovasculaires. 

La prévention classique remise en question 

Une sensibilité différente aux messages de prévention

Les femmes sont souvent perçues comme plus réceptives aux messages de prévention que les hommes. Pourtant, les chiffres sur le tabagisme féminin révèlent les limites des campagnes classiques. Si les messages d’information sur les risques pour la santé sont largement diffusés, ils ne suffisent pas à contrer les forces psychologiques et sociales qui influencent les comportements à risque. 

Par exemple, une étude de Santé publique France montre que malgré une meilleure connaissance des risques du tabac, le stress reste l’un des principaux facteurs incitant les femmes à fumer. Pendant la pandémie de COVID-19, la consommation de tabac chez les femmes a augmenté, en partie en raison du stress lié à des responsabilités accrues dans la sphère domestique et professionnelle​. 

Un besoin d’approches innovantes

Pour inverser la tendance, il est impératif d’aller au-delà des méthodes traditionnelles. Voici quelques pistes d’innovation : 

  • Accompagnement personnalisé : les outils numériques, tels que les applications de suivi de santé ou de sevrage tabagique, permettent une approche individualisée. Ces outils intègrent des dimensions comme la gestion du stress et les objectifs à court terme pour encourager des changements progressifs. Miser sur des applications interactives pour un suivi personnalisé et une meilleure gestion du stress. 
  • Campagnes ciblées : intégrer les spécificités sociales et émotionnelles des femmes dans les messages de prévention. Par exemple, des initiatives comme des ateliers anti-stress ou des groupes de soutien dédiés peuvent répondre à des besoins spécifiques. 
  • Interventions socio-éducatives : en s’attaquant aux causes profondes, comme les inégalités sociales, on peut mieux prévenir les comportements à risque. Une campagne réussie menée en Suède a montré que combiner éducation sur le tabac et accès gratuit à des programmes de bien-être avait réduit de 15 % le tabagisme chez les femmes défavorisées en seulement cinq ans​. 

Sources : 

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