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5 ans. C’est jusqu’à cet âge que nos pratiques sportives à l’âge adulte seraient déterminées. Au-delà, ce sont nos environnements culturels et nos personnalités qui pourraient faire varier de façon légère à modérée nos pratiques d’activité physique. Est-ce à dire qu’il n’est pas possible de faire débuter une activité à un adulte n’ayant pas pratiqué dans son enfance ? Ce serait possible, mais les leviers d’actions et les points de friction principaux ne sont pas forcément ceux auxquels on pense. Croyances et personnalité joueraient un rôle crucial.
Est-il trop tard pour changer les comportements santé à l’âge adulte ?
La France ne pratique pas assez d’activité sportive et est trop sédentaire. Pourtant, près de la moitié des jeunes de 15 à 29 ans pratiquent une activité physique plus d’une fois par semaine (ONAPS, 2023). Comment expliquer ce déclin de pratique qui coïncide avec l’entrée dans la vie active ? Etrangement, ce n’est pas le manque de temps qui en serait responsable. Le déclin débute dès l’âge de 5 ans.
D’après Gaini et al. (2020) et Thivel et al. (2018), les inégalités sociales de santé se construisent dès l’enfance. Niveau d’activité physique, sédentarité et condition physique sont déterminés jusque l’âge de 5 ans d’après (Garcia & Ottogalli – Mazzacavallo,2022).
Si de multiples facteurs influencent les pratiques des jeunes en matière d’activité physique, et ils sont relativement similaires à ceux des adultes, les leviers ne sont, eux, pas les mêmes.
A noter qu’il y a bien une corrélation entre activité physique et condition physique mais aucune étude n’a pu établir de lien de causalité (Martins et al. 2021).
Les différents facteurs d’influence de l’activité physique pour les adolescents et adultes
Selon la revue de littérature de l’ONAPS, voici les facteurs déterminants de l’activité physique chez les adolescents :
Source : ONAPS, 2024, Facteurs d’influence de l’activité physique et sportive et de la sédentarité chez les adolescents âgés de 10 à 19 ans
Anecdote intéressante de la revue de littérature : en matière d’influence de l’environnement social et relationnel, c’est étrangement la pratique de la grande sœur qui est la plus susceptible d’influencer les cadets, quel que soit le sexe (Diter, 2022). Cette influence peut-être plus importante que les pratiques des parents.
Coté adultes, c’est le modèle socio-écologique qui propose la revue la plus complète des déterminants de l’activité physique aux différents âges.
L’âge de décrochage pour ceux qui pratiquent enfants se situe sur la tranche d’âge des 15-19 ans mais, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas l’aspect social ou les modes de vie qui sont en cause.
Ce sont la décroissance de la compétence perçue dans les activités physiques et sportives ainsi que les conceptions sociales (sports jugés comme féminins / masculins) qui entraînent une baisse de motivation » (Martins et al. 2021).
Hiérarchie des facteurs déterminants la pratique sportive
A noter que, côté adultes, la fatigue, le manque d’intérêt, de connaissance ou de temps sont plus importants que les contraintes environnementales comme l’accessibilité ou l’offre de services ou les facteurs interpersonnels comme le manque de partenaire (Berthouze -Aranda,2011).
Influence des facteurs individuels et perceptions sociales dans la pratique sportive
Pour faire pratiquer une activité physique ou remettre quelqu’un au sport, tenez compte de sa classe sociale. Les pratiques sont encore très marquées en fonction des classes sociales (Cléron & Caruso, 2017, Lefèvre & Raffin 2023).
De la même façon, tenez compte des « clichés » liées aux représentations : favoriser les sports développant la carrure et la force pour les classes à revenus moins élevés, les pratiques visant à des corps minces pour les classes les plus aisées.
Les bénéfices attendus de la pratique sont également à classer par facteurs individuels, plus précisément les croyances liées à la personnalité et aux compétences associées.
A noter que, d’après la littérature, la différence liée aux croyances de genre à ce sujet est légère : les femmes pratiquent pour se dépasser tandis que les hommes pratiquent pour gagner lorsqu’ils sont en club.
Personnalités et pratiques sportives
Dans une étude menée sur 2600 étudiants d’écoles de commerce, le NewGen Talent Centre, centre d’expertise de l’EDHEC illustre les liens entre personnalité et pratique sportive déjà détectés dans la littérature (voir ci-dessous).
Source : The conversation, Edhec NewGen Talent Centre, 4 mars 2024
En matière de changement des comportements santé, il faudrait donc orienter les personnes vers une activité physique leur permettant de développer ou maintenir leurs compétences et leurs personnalités. Ainsi, une grille de décryptage d’orientation vers des pratiques pourrait se définir comme suit selon l’étude :
Source : The conversation, 4 mars 2024, Edhec NewGen Talent Centre
Les liens entre personnalité et pratiques sportives
Plusieurs études ont été menées sur les pratiques sportives et les traits de personnalité (Brujin,2005; Courneya, 1998; R.Cox, 2005; Davis, 1995; Dishman, 1985. Gould, 1997;McCrae,1992;Spence,2003, Rhodes, 2006). Différents modèles ont été proposés. Le plus utilisé semble être le modèle de personnalité à 5 grands facteurs de McCrae et Costa, 1984 (névrotisme, extraversion, ouverture, agréabilité, caractère consciencieux).
Sans surprise, l’extraversion et le caractère consciencieux sont liés à l’adoption de pratiques sportives tandis que le névrotisme est lié à l’évitement de pratique sportive.
D’autre part, l’agréabilité et le caractère consciencieux serait liés à des comportements santé sains (Brujin, 2005).
En conclusion
En plus de la théorie de changement des habitudes qui vise à réduire les frictions, le début et le maintien de la pratique d’activités physiques et sportives sont fortement liées aux facteurs individuels, et plus précisément à la personnalité et aux compétences requises, qui augmentent la notion de plaisir et la satisfaction liées à la pratique.
Sources :
ONAPS, 2024, Facteurs d’influence de l’activité physique et sportive et de la sédentarité chez les adolescents âgés de 10 à 19 ans
The conversation, 4 mars 2024, Edhec NewGen Talent Centre
