Le Jaune budgétaire « Prévention en santé », annexé au projet de loi de finances pour 2025, dresse un état des lieux complet des actions et des financements dédiés à la prévention. Il démontre une ambition forte de l’État en matière de santé publique, mais révèle aussi des failles structurelles qui limitent l’efficacité des actions engagées.
Cet article propose une synthèse des dépenses et actions menées sur trois axes majeurs de cette politique : les comportements de santé, les déterminants de santé et les stratégies de prévention.
Comportements de santé : une approche encore trop générale
Les points positifs
On ne peut que saluer l’accent mis sur les comportements de santé est une avancée notable.
Autre élément notable, l’augmentation des financements alloués à la prévention des addictions et à la promotion de la santé mentale est dominante dans ce document.
L’inclusion des nouvelles addictions (jeux d’argent, jeux vidéo) montre aussi une adaptation nécessaire des stratégies concernant les addictions.
Toutefois, certaines limites peuvent être soulignées dans les stratégies menées.
Les limites
- Des campagnes souvent trop généralistes : les stratégies comme « Manger-Bouger » ou « Mois sans tabac » ciblent l’ensemble de la population, mais restent peu adaptées aux groupes à risque (personnes précaires, adolescents, patients avec des comorbidités). Une approche plus personnalisée serait nécessaire.
D’autre part, peu d’indicateurs montrent comment ces actions réduisent réellement les comportements à risque dans ces groupes.
- Déconnexion entre information et passage à l’action
- Informer sur les bons comportements de santé ne garantit pas leur adoption.
- Les campagnes ne tiennent pas toujours compte des contraintes sociales et économiques empêchant certains comportements (ex : alimentation saine coûteuse, accès au sport limité).
- Un manque de suivi des comportements individuels : sensibiliser est une chose, mais l’accompagnement dans la durée est essentiel. Or, peu de dispositifs permettent un suivi comportemental, contrairement à certains pays qui utilisent des outils numériques de prise en charge santé intégrés au parcours médical.
- Des indicateurs insuffisants sur l’impact réel des campagnes sur les comportements à moyen terme et l’évitement des maladies
- La non prise en compte, pour le moment, des nouvelles stratégies marketing (des débats sont actuellement en cours).
Des approches encore trop cloisonnées
Si le rapport reconnaît l’importance des comportements et déterminants de santé, (alimentation, addictions, santé mentale) ou environnementaux (pollution, logement, climat, exposome), des problématiques demeurent dans la stratégie Française :
- Une approche trop segmentée : le rapport cloisonne les déterminants de santé en différentes catégories, alors qu’ils sont interconnectés. Par exemple, la précarité alimentaire (facteur social) impacte directement la nutrition et donc les maladies chroniques.
- Une sous-estimation de l’impact des politiques économiques et sociales : les inégalités de santé sont reconnues, mais la prévention reste centrée sur des solutions individuelles, sans prise en compte des facteurs structurels (emploi, éducation, urbanisme).
- Des actions trop limitées sur les déterminants environnementaux : alors que la pollution de l’air est responsable de milliers de décès chaque année, les actions restent principalement des mesures d’information.
Evolution des budgets 2023 – 2025 en France dédiés aux comportements santé
Parmi les chiffres du rapport à retenir, voici les principaux :